mercredi 20 mai 2015

Innover : oui ! Et après ?

Une représentation caricaturale de l'enseignement du latin

Le gouvernement français a récemment mis en ligne une infographie pour convaincre l'opinion publique et le corps enseignant du bien fondé de la réforme du collège unique prévue pour 2016.
Mal lui en a pris.


On y voit un élève esseulé, hésitant ou introverti, complétant, dans une classe désertée, la déclinaison du mot rosa (immortalisée par Jacques Brel), et un professeur de latin dessiné de dos, les cheveux gris et atteint d'une calvitie.

Représentation caricaturale, très loin de la réalité, qui tend à associer la vision de la discipline à celui qui l'enseigne. Les concepteurs du document nous livrent là une métonymie riche de significations : l'enseignant de langue morte est un vieux fossile, dont la leçon magistrale ennuie, à tel point que son cours est abandonné des élèves. Conservatisme des pratiques pédagogiques, discipline obsolète, ennui des élèves : les professeurs de langues anciennes, qui ont fait de l'enseignement du latin et du grec un enseignement innovant, ont dû apprécier l'accumulation de poncifs !

Ici sur Twitter une parodie du document.

Innover ?

Car en matière d'innovation, l'apprentissage du latin et du grec est très avancé. Réalisations numériques, pratiques théâtrales, ateliers s'appuyant sur des collections de musées et de sites archéologiques un peu partout en France, ressources et outils numériques disponibles sur internet, les exemples sont légions...
Les enseignants de langues anciennes innovent, sans doute parce qu'il leur faut défendre depuis plusieurs décennies un enseignement menacé.

C'est là mon propos principal. Innover n'est pas une fin en soi. On innove pour répondre à une nécessité, varier les dispositifs d'apprentissage, favoriser l'acquisition des savoirs. Innover, c'est renouveler ses pratiques et ses supports de cours et les partager, expérimenter, diversifier.

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